Messagepar McCaw » 23 Déc 2019 13:13
Quand tu sais que la rubrique "rugby" du Figaro est traité par 2 journalistes ouvertement pro-SF pour l'un, et Racing pour l'autre, déjà tu vois d'où on part également sur un match pareil. Evidemment c'est un autre journaliste qui écrit les articles dans la semaine, mais risquerait-il de vouloir déplaire ?
En tout cas, l'angle pris est systématiquement celui de comment le gros club va aborder son match, on s'en fout quelque part d'évoquer le fait que la Section, qui avait été 3ème récemment, pouvait aller faire un nouveau coup dehors, couler le SF et en profiter pour revenir dans la course à la qualification (en étant très optimiste, mais on s'en fout, à cette époque de la saison on pouvait être 6ème en gagnant à Paris et avec 2 réceptions derrière...).
Bah, c'est le Figaro, c'est au service des puissants hein, c'est pas "Gilets jaunes . com" hein...
De toute manière, là aussi, tout est traité de Paris, descend de Paris, ce qui dans la situation du rugby français est une erreur majeure à mon sens.
Le cœur du rugby français bat entre Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, et est suivi par les autres régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France et PACA, et ensuite ça reste un sport de dimension assez nettement secondaire). Parfois je me demande pourquoi la Fédé est à Paris, idem pour la LNR, les locaux du CNR à Marcoussis, c'est ridicule.
Ce serait à Toulouse en partie, à Bordeaux ou Montpellier par ailleurs Lyon, ça aurait quand même nettement plus de sens, et resterait aussi pratique, puisque la majeure partie des clubs professionnels du pays y sont, et c'est pareil pour les clubs amateurs.
On a tort de considérer que le travail à faire en termes de licenciés n'est pas à faire dans nos régions, au contraire, il faut renforcer les positions car le rugby perd des licenciés au profit d'autres sports. Et considérons les filles bien mieux qu'on ne le fait.
C'est bien sympa qu'on gratte des gosses en Bourgogne, Alsace ou en Normandie, c'est top que Vannes s'impose en ProD2 avec une vraie identité et pas un gloubi-boulga mondialisant (version Occident bien sûr), mais bon, ça reste marginal et le rugby s'effondrerait dans le Sud-Ouest, tout le monde suivrait vers le bas.
On ne remplit pas le Stade de France avec des gens de Reims, Amiens ou Dijon, ils préfèrent attendre que l'OM ou le PSG viennent jouer chez eux pour voir un événement.
A force de mépriser des Pau, des Castres, des Agen, des Mont-de-Marsan, un Albi qui se fait voler au profit d'un Rouen, on va écœurer les gens, des vrais passionnés depuis des générations (qui existent ailleurs, c'est pas le souci, je l'ai vécu en Bourgogne).
Le rugby parisien est important également, je ne le balaye pas d'un revers de la main, mais bon, on va pas me faire la chanson : dans une ville comme Pau, le sport numéro 1, c'est le rugby, et c'est pareil à Dax, Tarbes ou Narbonne.
Biarritz coulerait, le BO resterait au cœur des gens devant n'importe quel club de la ville, car c'est bien plus qu'un club, c'est une façon de vivre dans cette partie du Pays basque. Le surf, c'est cool, mais c'est pas forcément ça qui lie les gens de la même manière que ne le fait le rugby dans les bars, les restaurants, dans les petits terroirs de l'intérieur.
A Paris, à Rouen, même à Lyon, eh bien c'est loin d'être le cas (pourtant l'Histoire du rugby parisien est exceptionnelle).
Donc là aussi, il y a un aggiornamento assez complet à faire dans le traitement médiatique du rugby.
En étant très caricatural, on est un sport plus "Rencontres à XV" que "Canal Rugby Club", même si les deux peuvent cohabiter facilement. Et sur la presse, qu'on le veuille ou non, on est un sport plus "La Dépêche du Midi" ou "Sud-Ouest" que "l'Equipe" (qui traite bien le rugby je trouve, simple avis).
L'âme de ce sport reste extrêmement populaire, rurale, c'est pas celle des métropoles du XXIème siècle.
Le pratiquant de Fédérale 3, celui va dans le cœur des rucks se faire casser la gueule, c'est pas un vendeur de smoothies vegan sur le canal saint-Martin hein, on va pas se mentir. C'est plutôt un carreleur ou un agriculteur, je fais de la sociologie de bazar mais vous comprenez le sens global.
A Paris, si le SF disparaît, ça n'a pas le même impact que si le Stade toulousain était rayé de la carte de Toulouse, tout le monde le sait, et ça résume tout.
(j'espère que tout le monde comprend que je ne suis pas dans une dialectique Nord-Sud primaire et binaire, mais que je cherche à énoncer des faits, et le tout pour une stratégie de développement du rugby qui soit différente de celle qui est prise par la Fédé et la LNR, avec les médias qui relayent cela)